Les chiffres clés de la retraite des femmes en France

Aujourd’hui encore, il subsiste des inégalités entre les montants des pensions de retraite perçus par les hommes et les femmes. Selon la DREES(1), les femmes perçoivent des pensions de droit direct inférieures de 40 % à celles des hommes, en raison de carrières moins favorables et souvent incomplètes, dues aux difficultés à entrer sur le marché du travail, au recours plus fréquent au dispositif de travail à temps partiel, au congé maternité et au congé parental. En effet, cette différence entre pensions moyennes des femmes et des hommes résulte des inégalités de revenus et de carrière.

Parmi les retraités résidant en France, près de trois sur dix perçoivent une pension de droit direct inférieure à 1 000 euros bruts par mois. À la fin de l'année 2016, cette situation concerne 37 % de l'ensemble des retraités résidant dans le pays, avec des proportions plus élevées chez les femmes (54 %) que chez les hommes (16 %). Ces chiffres incluent les éventuelles majorations accordées pour les retraités ayant élevé trois enfants ou plus. En revanche, seuls 7 % des retraités (2 % des femmes et 12 % des hommes) bénéficient d'une pension mensuelle supérieure à 3 000 euros bruts. Ces disparités entre les femmes et les hommes peuvent s'expliquer par plusieurs facteurs, tels que l'exercice de métiers différents dans des secteurs d'activité distincts ou des écarts de salaires tout au long de la vie active.

Pour les retraités résidant en France, la pension de droit direct des femmes (y compris l’éventuelle majoration pour trois enfants ou plus) est inférieure de 40 % à celle des hommes en 2021, contre 50 % en 2004. En tenant compte de la pension de réversion, cet écart se réduit à 28 % en 2021. La pension de droit direct est la pension de retraite qui est versée aux personnes qui ont acquis des droits à la retraite de base et complémentaire par leurs propres cotisations. À la différence d’une pension de droit dérivé qui est versée au conjoint survivant d’une personne qui avait acquis ses propres droits pour la retraite.

Selon la DREES(1), les femmes liquident leurs droits à la retraite en moyenne dix mois après les hommes. En 2021, en moyenne, les hommes partent à la retraite à 62 ans et 2 mois et les femmes à 63 ans.

En effet, actuellement, bien que l’âge de départ légal à la retraite soit de 62 ans pour les personnes nées avant 1961, il y a de nombreux critères à prendre en considération pour déterminer avec précision son âge de départ à la retraite à taux plein. Les femmes étant plus touchées par des interruptions de carrière (congé maternité et congé parental) au recours au travail à temps partiel, elles atteignent bien souvent le taux plein après eux.

L’espérance de vie à la retraite pour la génération 1954 est en moyenne de 24 années et 7 mois. Bien que les femmes partent à la retraite après les hommes, elles bénéficient d’une espérance de vie plus longue, de sorte que leur durée espérée de retraite est supérieure. En moyenne, les femmes nées en 1954 passeront 26 années et 5 mois à la retraite, contre 22 années et 9 mois pour les hommes de la même génération (enquête DREES 2023 – fiche 15).

La pension de retraite peut être constituée d’une pension de droit direct, constituée des droits que vous avez accumulés tout au long de votre carrière professionnelle, et d’une pension de droits dérivés, aussi appelée pension de réversion. Elle constitue une partie de la retraite d’un assuré décédé, reversée à son conjoint survivant sous certaines conditions. La proportion de femmes parmi les bénéficiaires d’une pension de droit dérivé est de 88 %. En effet, les femmes sont les premières bénéficiaires de la pension de réversion du fait de leur espérance de vie plus élevée que celle des hommes et le fait qu’elles sont en moyenne deux à trois ans plus jeunes que leur époux (enquête DREES 2023 – fiche 03). En conséquence, les femmes sont plus souvent veuves que les hommes.

Parmi les retraités de la génération 1950, génération la plus récente à être partie à la retraite dans sa quasi-totalité fin 2016, cinq femmes sur dix perçoivent un minimum de pension, contre trois hommes sur dix.

L’écart entre les femmes et les hommes se réduit cependant chez les retraités ayant une carrière complète (respectivement 43 % contre 29 %). De plus, les hommes perçoivent majoritairement leur minimum de retraite dans un régime qui n’est pas leur régime principal, alors que l’inverse prévaut pour les femmes. (enquête DREES 2023 – fiche 8)

Parmi les allocataires du minimum vieillesse, près de 51 % sont des femmes seules, soit célibataires, veuves ou divorcées. Parmi les bénéficiaires, 76 % sont des individus isolés, parmi lesquels 66 % sont des femmes. Le pourcentage de femmes vivant seules parmi les bénéficiaires augmente progressivement avec l'âge, passant de 57 % parmi les personnes âgées de moins de 65 ans à 87 % parmi celles âgées de 90 ans ou plus. Cette prédominance des femmes parmi les bénéficiaires isolés les plus âgés s'explique par leur espérance de vie plus longue et par les droits de retraite limités acquis par des générations de femmes ayant peu ou pas participé au marché du travail. (enquête DREES 2023 – fiche 27).

En France, parmi 18,1 %(2) des salariés qui travaillent à temps partiel, plus d’une femme sur quatre travaille à temps partiel contre moins d’un homme sur dix, en 2021(2). Cela concerne principalement les femmes ayant des enfants afin de mieux concilier vie privée et vie professionnelle. Heureusement, ces écarts se réduisent au fil des générations.

La Loi du 14 avril 2023 de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023(3) comporte des mesures spécifiques aux femmes. La plupart des nouvelles dispositions de la réforme des retraites 2023 entrera en vigueur à partir du 1ᵉʳ septembre 2023. 

Le report de l'âge légal de départ à la retraite

Un 1ᵉʳ élément majeur est le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 ans à 64 ans. Cette mesure concernant aussi bien les salariés du privé que les agents du public. Cet âge sera progressivement repoussé, à raison de trois mois par génération, pour les assurés nés pour les assurés nés à compté du 1ᵉʳ septembre 1961.

Les mesures pour les mères de famille : trimestres de majoration et ouverture à de nouvelles professions

Plusieurs amendements parlementaires ont complété le projet initial du gouvernement afin de diminuer les impacts de la réforme des retraites sur les mères de famille. 

• En tant que mère de famille, si vous avez acquis au moins un trimestre de majoration de durée d'assurance au titre de la naissance d'un enfant, d'une adoption, de l'éducation d'un enfant handicapé ou d'un congé parental d'éducation et que vous avez cumulé assez de trimestres requis pour bénéficier d'une retraite à taux plein à 63 ans, vous pourrez faire valoir une surcote anticipée de 1,25 % pour chaque trimestre supplémentaire accompli au cours de l'année, soit 5 % maximum. 
• Il vous sera garanti un minimum de deux trimestres de majoration liée à l’éducation ou l'adoption de chacun de vos enfants.
• Si vous exercez une profession libérale ou êtes avocate, vous pourrez bénéficier d’une majoration de pension de 10 % pour trois enfants ou plus.

Les femmes qui travaillent dans la fonction publique (agents publics, fonctionnaires et contractuels) sont également assujetties au report de l'âge légal à 64 ans d'ici à 2030. Dès 2027, la durée de cotisation passe à 43 ans et l'âge de retraite sans décote reste à 67 ans.

Concernant les infirmières, aides-soignantes, policières, pompières,..., pour les 20 % des agents (hommes et femmes confondus) des catégories dites « actives » et « super-actives » l'âge légal de départ à la retraite a été reporté de 57 à 59 ans pour les catégories « actives » et de 52 à 54 ans pour les catégories « super-actives ».(3)

De manière générale, les parlementaires ont voté un objectif de réduction de moitié des disparités de pension de retraite entre des femmes et des hommes d'ici horizon 2027, ainsi qu'un objectif ultime de suppression d'écart d'ici à 2050.