La question peut surprendre, car des trimestres manquants dans une carrière impliquent une décote de la future retraite. Celle-ci en effet ne sera pas calculée sur le taux plein. Rappelons que ce taux plein garantit de percevoir comme pension de retraite de base 50% de son salaire annuel moyen dans le régime général. Alors pourquoi douter de l’utilité du rachat de trimestres ?
En réalité, tout dépend, pour chacun, de son historique de carrière, des montants en jeu et des perspectives d'avenir. On peut racheter des trimestres (12 au maximum) dans plusieurs cas, les plus courants étant les suivants :
62 ans étant l’âge légal minimum de départ en retraite, l’assuré doit valider un certain nombre de trimestres. 166 pour la génération née à compter du 1er janvier 1955… jusqu’à 172 pour les générations nées à compter du 1er janvier 1973.
Quel que soit le nombre de trimestres validés, à partir de 67 ans, le taux plein est acquis pour les générations nées à partir du 1er janvier 1955. La pension est calculée sans décote et est alors égale à 50 % (taux maximum) du salaire annuel moyen.
Pour de nombreux assurés, le départ à la retraite à 62 ans reste théorique : longues études, carrières discontinues, pause professionnelle pour élever des enfants… Dès lors, quid du rachat de trimestres pour pallier le manque à gagner prévisible ?
Le coût d’un rachat est fonction de plusieurs critères :
Plus on rachète jeune (il est possible de racheter dès 20 ans), plus l’opération est avantageuse. Le coût augmente avec l’âge mais, en général, les ressources également. Cependant, la question aujourd’hui est moins celle du coût que de la pertinence même du rachat.
Il serait logique de racheter ses trimestres le plus tôt possible, pour profiter d’un moindre coût et bien anticiper. En effet, avant l’âge du taux plein automatique (67 ans), le montant des pensions dépend de la durée de cotisations. Mais qu'en sera-t-il demain ? Le projet de réforme des retraites de 2019 (mise à l’arrêt en 2020, crise sanitaire oblige) prévoyait un système basé sur des points et non plus sur des trimestres. Par conséquent, ce type de réforme aurait pu rendre obsolète le critère de durée de cotisation sur la base de trimestres. La réforme des retraites pour 2023 n'envisage pas la mise en place d'un système basé sur des points, mais on voit bien que les règles peuvent évoluer au fil du temps.
Autre élément à considérer : le caractère potentiellement « à fonds perdus » du rachat. En effet, le départ en retraite peut se faire plus tard que prévu. Exemple : on rachète très tôt des trimestres, en calculant un départ en retraite à 64 ans. Or l’évolution des besoins (études plus longues des enfants, aide à une personne dépendante…) ou une opportunité de carrière font qu’on travaille jusqu’à 67 ans, voire au-delà. Dans cette hypothèse, ce rachat s’avère une pure perte financière : l’âge du taux plein automatique étant atteint, il n’y a rien de plus à percevoir que la pension à taux plein. Le coût du rachat n’est pas récupérable. Un risque d’autant plus fort que le chômage en fin de carrière reste hélas répandu. Or dans ce cas, si la prise en charge par Pôle Emploi peut suffire à conduire jusqu’à l’âge d’un taux plein, à quoi aura servi de racheter des trimestres ?
Un rachat de trimestres reste intéressant s’il a lieu maintenant, alors que le critère « trimestres » n’est pas encore remis en cause et si on est dans l’année qui précède son départ en retraite. En revanche, si on est encore éloigné de cette perspective, mieux vaut sans doute attendre de voir quelle sera l’évolution du système.